À 56 ans et pour retrouver du travail, Bruno apprend à lire et à écrire…
Jacques Chirac est mort
Son chef remplissait ses fiches d’heures
Bruno Leroy est d’une génération où arrêter l’école jeune sans finir son cursus scolaire n’était pas rare. Une époque où « trouver » un job sans qualification était facile. Il fallait juste traverser la rue, diraient encore certains. Mais voilà, ce temps-là est derrière nous, et derrière lui…
À 56 ans, Bruno doit retourner sur les bancs de l’école pour réapprendre les bases de l’écriture et de la lecture, et y ajouter l’apprentissage de l’informatique pour se réinsérer dans le monde professionnel actuel. « J’ai stoppé l’école à 16 ans puis je suis resté deux ans sans rien faire », détaille-t-il sans sourciller :
À 18 ans, j’ai commencé à travailler dans les travaux publics. Ils ne nous demandaient rien. On travaillait comme ça. Je ne savais pas lire ni écrire, c’est mon chef qui remplissait mes fiches d’heures et ma mère qui s’occupait des papiers administratifs.
Bruno passe ainsi toute une vie professionnelle en tant que manœuvre dans les travaux publics sans que ce manque ne se fasse sentir. Et ça lui convenait. Jusqu’au jour où des problèmes de dos l’obligent à changer de voie professionnelle. C’est là que tout se complique.
Depuis le mois d’avril, ce quinquagénaire de Saint-Sever-Calvados suit donc une formation au Greta. Quatre jours par semaine, comme une cinquantaine d’autres stagiaires, il assiste à des cours sous forme d’ateliers. Lecture, écriture, calcul, bureautique… Tout est revu. « Il s’agit d’une remise à niveau pour les personnes atteintes d’illettrisme », décrit Cynthia Leroy, coordinatrice au Greta :
Ils ont en commun d’être à la recherche d’un emploi. Ils peuvent avoir un parcours de vie complexe et ont compris que sans les bases, c’est dur d’intégrer le monde de l’emploi.
L’objectif est de les rendre plus autonomes. « Il faut que ce soit un tremplin », ajoute Cynthia Leroy.
Après plusieurs mois de formation, Bruno, lui, a beaucoup progressé. « Je m’en sors », sourit-il conscient que le chemin est encore long. « Maintenant, il lit et comprend. Et sait remplir un formulaire », appuie sa formatrice.
Je sais utiliser internet pour y faire des démarches simples alors qu’avant je ne savais pas comment ça marchait.
De l’autonomie, de la confiance en soi et de l’aisance, c’est ce qu’il a gagné avec ce retour sur les bancs de l’école… 40 ans après l’avoir quitté.