Luc Besson au tribunal car… il refuse de tuer les cerfs qui passent sur son domaine
Luc Besson refuse de tuer des cerfs
Luc Besson au tribunal
Des agriculteurs de l’Orne, dont les récoltes sont dévorées par des cerfs, ont obtenu des indemnités de la part des chasseurs de la région. Ceux-ci se retournent donc contre Luc Besson, qui refuse que l’on abatte des animaux sur ses 160 hectares de terres.
Depuis plus de 15 ans, Luc Besson possède un domaine à La Trinité-des-Laitiers, dans l’Orne. Une immense propriété de 160 hectares, dont plus de la moitié est composée d’une vaste étendue boisée s’étendant à l’orée de la forêt domaniale de Saint-Evroult. Dans ce havre boisé passent régulièrement des cerfs, que le réalisateur laisse vivre en paix. « Attaché au caractère sacré de la vie sauvage », comme l’explique son avocat Me Jean-Marc Descoubes au Parisien, il refuse que l’on chasse sur ses terres. De quoi générer une situation « très conflictuelle » avec la Fédération départementale des chasseurs de l’Orne (FDCO), qui l’accuse d’être en partie responsable de la prolifération des cerfs dans les environs. Ces animaux, qui seraient entre 50 et 100 selon les estimations des chasseurs, ont d’ores et déjà fait de sérieux dégâts chez les agriculteurs dont les exploitations sont situées près du domaine de Luc Besson.
Le cinéaste Luc Besson est attaqué en justice par des chasseurs en Normandie qui lui reprochent de laisser proliférer des cerfs dont ils payent les dégâts. Il contre-attaque dans @le_Parisien > https://t.co/swLXn4x9He pic.twitter.com/GvgFBkiAmJ
— Le Parisien (@le_Parisien) September 15, 2019
Luc Besson : assigné en justice, il refuse de tuer des cerfs
Une demi-douzaine d’agriculteurs exploitant du blé et du maïs a demandé une compensation. Et selon le Code de l’environnement, ce sont… aux chasseurs de passer à la caisse. « Dans ce régime très original, les indemnisations sont assurées par la solidarité des chasseurs envers les agriculteurs », a expliqué Me Charles Lagier, l’avocat de la FDCO, au Parisien. Depuis la saison 2012-2013, la Fédération a ainsi versé 117 451 euros aux exploitants victimes des cerfs. Elle a donc décidé de se retourner contre Besson, qu’elle tient pour responsable de cette situation. Entre janvier 2016 et mars 2017, la FDCO a fait dresser 11 constats d’huissier, tous prouvant la présence d’empreintes de cerfs et de plants broutés sur les exploitations lésées. Me Lagier, l’avocat des chasseurs, a dénoncé « l’inertie et les absences fautives » de Luc Besson, et réclame aujourd’hui 122 198 euros au réalisateur afin de couvrir les indemnités et les frais de justice.
Après une tentative de règlement à l’amiable refusée par Luc Besson en mai dernier, le procès s’est ouvert ce lundi 16 septembre au tribunal d’instance d’Argentan, dans l’Orne. La FDCO souhaite que le réalisateur soit reconnu comme responsable des « dommages causés par les cerfs présents sur ses terres ». Mais l’avocat de Luc Besson, Me Descoubes, a quelques arguments à faire valoir : le fait, déjà, que le domaine de son client ne représente que 1,4% du massif de Saint-Evroult. Il serait donc « une hérésie » de le tenir pour « responsable de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique de tout ce massif ».
De plus, Me Descoubes a rappelé que Luc Besson avait parfaitement le droit de refuser de tuer les cerfs. Ces animaux ne sont pas ses « biens » et sont considérés par la loi comme des êtres vivants doués de sensibilité. En attendant une décision de justice, le réalisateur s’en est pris fermement à la CFDO dans les colonnes du Parisien : « En plein débat sur le drame de l’écologie et de la biodiversité, les chasseurs de l’Orne me demandent de tuer les cerfs qui passent devant chez moi, s’est-il énervé. Dois-je mettre mes enfants au balcon pour l’occasion ? Ces gens-là sont à contresens de l’histoire. »